samedi 25 octobre 2008

Du 29 septembre au 23 octobre 2008 – Isla Contadora/Bahia Honda/Islas Contreras/Islas Secas/Boca Chica, Panama – 250 miles












Même si l’île Contadora n’est pas la plus jolie des Perlas, elle reste attachante et nous y prenons vite des habitudes. Nous y restons une dizaine de jours. D’abord pour se ravitailler. Pour cela, il faut attendre le jeudi, seul jour ou la barge vient de Panama City et apporte quelques fruits et légumes aux 3 épiceries existantes (ce n’est quand même pas la grosse orgie alimentaire !!!). Il faut se dépêcher car 3 jours après, il ne reste plus grand-chose !! Nous pouvons aussi avoir accès à Internet dans un des hôtels haut de gamme de l’île, ce qui nous permet de régler plusieurs problèmes administratifs et de surveiller la météo pour l’étape suivante. Au même hôtel, nous ne passons pas une journée sans aller saluer notre maman singe préférée (voir photo du chapitre précèdent) qui a le béguin pour le capitaine. A chaque visite, elle lui donne la main et lui fait les yeux doux en poussant des petits cris de bienvenue. Pas une journée non plus sans se baigner dans les eaux turquoises de Playa Blanca, vide de touristes en cette saison creuse, avec passage apprécié sous la douche pour se dessaler (un vrai luxe !!). Un matin, avant notre départ a terre, nous avons le privilège de voir 2 baleines adultes éduquer à la pêche leur baleineau, en plein milieu du mouillage. Le plus gros de ces mastodontes sondera juste sous la coque d’Anesthésie. Quelques jours avant, le capitaine, en plongeant pour vérifier la bouée ou le bateau est accroché, a entendu sous l’eau leur chant mélodieux. Enfin, nous enchaînons presque tous les soirs les aperos/discussions sur les différents bateaux rencontres ça et la, revenus également pour ‘remplir le frigo’. Avec les bateaux américains connus à l’île de Pedro Gonzales, nous allons plonger autour de l’îlot Bartolomé. Riches en balistes, chirurgiens, perroquets et autres poissons tropicaux de taille plus que respectable, ces eaux semblent cependant plus pauvres en coraux et donc en couleurs et moins transparentes (saison des pluies et marées obligent !) que les eaux de la Caraïbe. Lors de cette apnée, le capitaine reste aux aguets, échaudé par une frayeur lors de sa dernière plongée a l’île Pedro Gonzales. Alors qu’il s’apprêtait a tirer un beau poisson, il sentit une présence et, en se retournant, se retrouva nez a nez avec un requin d’1m50. Les deux protagonistes aussi apeuré l’un que l’autre, se détournèrent de leur route en se surveillant du coin de l’œil.
Le 9 octobre, nous laissons cette vie quotidienne très difficile pour continuer notre périple plus à l’ouest. Des Perlas, nous plongeons cap 240 vers Punta Mala sous génois et grand voile, au prés serré, dans une houle de sud ouest. Accompagnés par des dauphins, nous avalons ainsi plus d’une centaine de miles, pour arriver au fameux cap de Punta Mala et sa voie maritime encombrée. Le lendemain, Nous longeons la péninsule d’Azuero, cote escarpée, efflanquée d’une série de caps qu il nous faut passer vent debout. Pas une âme qui vive dans ces coins reculés du Panama (pas un troquet pas une mobylette !).
Le temps malheureusement se détériore et nous avons droit a une série de grains venant du secteur ouest-sud-ouest nous obligeant a louvoyer et perdre du terrain. Apres maint virement de bord dans des vents tournants, nous sommes contraints de pratiquer ce que les anglais appellent le ‘motor sailing. Dans le même temps nous sommes copieusement arrosés et flashés de tout cotés (orage oh désespoir).
Au petit matin nous arrivons dans une baie profonde et protégée, Bahia Honda, encerclée de montagnes verdoyantes. Le panorama est splendide. Nous apercevons l’unique village existant à des kilomètres à la ronde. En effet, aucune route ne parvient jusqu’ici. Seul bateau au mouillage, nous avons très rapidement de la visite. Sans aucune agressivité ni malice, certaines personnes du village viennent nous voir et nous demander si nous pouvons leur donner certaines choses dont ils manquent : des gâteaux, des crayons, du savon, une courroie de transmission, un contacteur, de l’essence… Nous sommes bien loin de la société de consommation… N’étant pas la quincaillerie du coin, nous les aidons néanmoins du mieux que nous pouvons même si beaucoup de choses commencent à manquer sur Anesthésie. Notre dernier supermarché date de Panama City et nous rêvons d’un repas gastronomique sans nouilles, ni riz avec une entrée, un plat de résistance style cote de bœuf, du fromage a volonté et un gros dessert avec du chocolat qui dégouline partout…. En attendant, nous sympathisons avec une famille du village et plus particulièrement avec le patriarche, Domingo, qui fournit avec empressement les voiliers de passage en produits frais de son jardin. Lors de ces transactions, Domingo vient a bord et parle, parle, parle…. nous obligeant a parfaire notre espagnol. Nous restons ici une semaine, loin de tout, réveillés par les cris des singes hurleurs et bien rincés par 3 journées de pluie occasionnée par 2 cyclones et un troisième en formation sur le nord de l’Amérique Centrale. Nous partons au village en observateur. Particulièrement propre et bien agencé, le village de Bahia Honda s’éparpille sur la petite île de Talon au centre de la baie. Dévisagés par les enfants, nous parlons un bon moment avec l’instituteur avant d’être témoins d’une partie de bingo à l’épicerie du coin et d’une répétition de la fanfare par ces mêmes enfants pour la fête nationale du 3 novembre prochain.
Le 18 octobre, nous quittons cet endroit charmant pour nous rendre aux îles Contreras, 16 miles plus a l’ouest. Nous mettons la ligne histoire d’améliorer l’ordinaire avec de la chair fraîche. Juste avant notre arrivée aux îles, nous rangeons tout l’attirail pour nous apercevoir que nous avons pêche… un fou de bassan !!! Lui aussi voulait améliorer son ordinaire et n’a rien trouve de mieux que de plonger sur le rapala et de s’embrocher une aile avec l’hameçon trident !! Bon, nous voila donc à récupérer l’oiseau dans le cockpit et à essayer de le libérer de sa torture en évitant ses coups de becs assassins. Finalement, le capitaine coupera l’hameçon impossible à retirer du volatile. Nous restons 2 petites journées aux îles Contreras, un peu tristounettes avec leur sable noir et leurs plages qui disparaissent a marée haute. Cap toujours plus à l’ouest vers les Iles Secas, îles privées où se trouvent des yourtes luxueuses pour touristes recherchant la solitude a grand frais. Nous mouillons dans une baie au nord face a une belle plage que nous allons ‘visiter’ a la nage avec palmes et tuba. Nous passons 3 belles journées aux îles Secas avec encore une fois la visite d’une baleine dans la baie. Depuis le 23, nous sommes à Boca Chica, un des rares villages de cette cote Pacifique relie par la route qui peut nous permettre d’aller jusqu'à David, deuxième ville du Panama et renouer avec la civilisation.